Anne-Laure Bondoux se joue des frontières

Anne-Laure Bondoux se joue des frontières

L’écrivain se livre dans un récit autobiographique que j’ai dévoré. Je l’ai rencontrée à Paris le 18 octobre 2011

Elle arbore un sourire franc, revigorée par la traversée de Paris en Vélib. « C’est vraiment une super-invention, ce moyen de transport » affirme-t-elle, nature et spontanée. Depuis dix ans, Anne-Laure Bondoux a édité huit romans en littérature jeunesse, remporté 40 prix littéraires et vit de sa plume. Coupe courte et féminine, la romancière affiche une quarantaine assumée et épanouie. Difficile d’imaginer qu’elle vient de passer par une crise identitaire. Celle-ci appartient désormais au passé et est à jamais inscrite dans son autobiographie.

L’autre moitié de moi-même, son neuvième roman, vient de paraître. Il y est question d’incapacité à écrire un roman, d’enfance, de secret de famille, de séparation… Le personnage principal, c’est elle. Les personnages secondaires sont ses parents, sa sœur, ses enfants. « Il y a quelques années, il me paraissait inconcevable d’écrire autre chose que des fictions », sourit-elle. Pourtant elle a osé. « Je n’avais pas le choix, j’étais en panne. » Et en vrac, personnellement. Le récit autobiographique l’a réparée. Le livre est publié par Bayard hors des collections jeunesse. Une première. « Ce qui, j’espère, n’empêchera pas les jeunes de le lire ! » s’empresse-t-elle d’ajouter.

L’auteure n’aime pas les étiquettes. Si l’on excepte ses livres « assumés jeunesse », ses romans ados ont su conquérir un public adulte rendant la frontière poreuse. Avec Les larmes de l’assassin d’abord. Pépites, ensuite. Le temps des miracles, enfin, édité en jeunesse et en adulte !

Rien d’étonnant finalement, dans son parcours d’écrivain, qu’elle franchisse la ligne. « J’ai besoin d’élargir mon terrain d’exploration, de quitter l’univers protégé de la littérature jeunesse, explique-t-elle encore étonnée par ce tournant radical qui a quelque peu ébranlé ses certitudes. Cette expérience autobiographique a modifié mon lien avec l’écriture. »

Soulagée d’être allée jusqu’au bout, son regard trahit néanmoins une once d’anxiété. « Je me suis mise à nu. L’écriture, seule, est mon maillot de bain. » On peut y voir aussi un caraco. Fluide, sobre et à la découpe minutieuse. Une histoire vraie, sensible et juste, de filles et de mères, empreinte d’une sincérité incroyable. « Mais le livre n’est pas interdit aux hommes », précise-t-elle. Un récit intime où elle ne s’épargne pas via une autodérision joyeuse sans jamais tomber dans le grand déballage. Le lecteur, lui, est renvoyé à ses propres nœuds familiaux, ses questionnements, son vécu. « Mon histoire devient l’histoire de tout le monde. » On en sort remué et troublé mais aussi rassuré et enjoué. Avec l’irrésistible envie de l’offrir à un proche. (Rencontre parue dans Ouest-France le 25 novembre)

Bayard
L’autre moitié de moi-même d’Anne-Laure Bondoux, 200 pages, 13,90 €. Pour les grands.

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