François Morel raconte Hyacinthe et Rose

J’ai cédé, j’ai lâché prise, j’ai écouté… et j’ai adoré !

Ce mardi-là, je suis d’humeur mélancolique, à fleur de peau même. Prête à exploser comme ce nuage qui dégouline en averse bruyante. Je travaille sur la thématique du suicide. J’ai beau aborder le sujet avec distance, plus j’avance plus je suis remuée. Je lis un témoignage poignant, brut et vrai, d’une mère dont le fils s’est tué. J’ai besoin d’une pause. Devant mon écran, je réponds aux mails, finis un post et fais le point sur les priorités quand mon regard se pose sur Hyacinthe et Rose raconté par François Morel.

Un sourire se dessine sur mon visage. Le premier. C’est l’effet Morel. J’adore ce poète contemporain. Pas maudit ou écorché vif. Mais tendre et sensible. Le son de sa voix suffit à adoucir mes journées. Il ne pouvait pas mieux tomber. Je glisse le CD dans le lecteur et je me laisse bercer par la musique et les mots. Tout en continuant à traiter les affaires courantes. Au point que, lorsque le disque se termine, je suis bien incapable de raconter l’histoire. Juste des bribes. Comme toujours, j’ai du mal à me concentrer sur une écoute. Cette fois-ci, une envie irrésistible m’incite à m’en donner les moyens. Je cède, quitte l’écran et m’installe sur le canapé.

Hyacinthe et Rose. Rose et Hyacinthe. L’un est coco, l’autre catho. Ils sont mariés depuis quarante-cinq ans, réunis par un amour commun, celui des fleurs. C’est leur petit-fils, Parisien en vacances à la campagne, qui raconte ce vieux couple à travers ses souvenirs d’enfant et d’adolescent. Des instantanés de vie, singuliers et communs à la fois, drôles et tristes, simples et profonds. Des petits bonheurs et malheurs ordinaires, écrits dans une prose poétique et mélodieuse. Et racontés avec tout le talent de conteur que possède François Morel.

Je lâche prise et je me concentre sur l’écoute. L’acteur-narrateur peint le portrait sensible de mémère abondante et de rouge papy ; évoque ce moment effroyable où il pense décevoir à tout jamais sa grand-mère ; parle de sa jalousie, si crédible, vis-à-vis de son cousin ; retranscrit le langage des fleurs ; crie son état amoureux… Et quand il imite le curé, c’est tout simplement jubilatoire.

À la note finale, je pleure. Pas par nostalgie. C’est juste l’émotion. J’étais remuée, me voilà chamboulée. Mais ce sont des larmes de plaisir. Un immense plaisir.

 

Thierry-Magnier
François Morel raconte Hyacinthe et Rose,Thierry-Magnier, Livre-CD, 56 pages, 13,50 €. Dès 9 ans et pour les grands aussi.

 

PS : Avant d’être un livre-CD, Hyacinthe et Rose est un beau livre illustré par les 48 portraits de fleurs de Martin Jarrie.

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