Max

Une lecture dérangeante et passionnante à ne pas manquer !

Allemagne 1936. Konrad naît le 20 avril, date anniversaire d’Adolphe Hitler. C’est le premier bébé né du programme Lebensborn. Il passe les sélections avec succès et devient le prototype de la race aryenne pure et parfaite. Sa mère, c’est l’Allemagne, son père c’est le führer. Dénué de tout affect, il n’a de cesse de satisfaire les nazis. Mais sa rencontre avec Lukas, un Polonais juif blond aux yeux bleus enlevé par les nazis pour le germaniser et repeupler l’Allemagne, va ébranler ses certitudes…

Max est le narrateur. Dès les premières pages, donner la parole à un fœtus persuadé du bien-fondé de la doctrine nazie pourtant monstrueuse et abjecte, c’est osé. La provocation me dérange. Pourtant, impossible de lâcher prise. Pire, je m’attache à ce bébé. Je ne veux pas le juger, ni le condamner. Ce n’est qu’un enfant. Même s’il se persuade être un monstre, Max a des failles. Son once d’humanité lui tord le ventre et ça me rassure. Et lorsque les doutes l’assaillent, l’espoir revient. Le personnage de Lukas est aussi très attachant. Beau, rebelle et héroïque mais capable du pire aussi. Voilà de quoi donner à réfléchir.

À travers la croissance de Max, c’est aussi tout un pan de l’histoire nazie, peu enseigné, qui est ici révélé. Ça fait froid dans le dos. À ce titre, ce livre me paraît utile et nécessaire. C’est l’Histoire européenne. La connaître est un devoir. De plus, je me suis rarement retrouvée du côté allemand dans les livres pendant la seconde guerre mondiale. Les atrocités n’épargnent aucun camp et les victimes se ressemblent, quelle que soit leur nationalité. C’est bien de se le rappeler.

Quant au style, il est parfois cru et provocant mais toujours pertinent. Mon fils Gabin, 15 ans,  l’a lu à une rapidité remarquable. Nous avons pu ainsi en discuter ensemble. Car forcément, le propos est parfois tellement glaçant que ça fait du bien ensuite d’en parler.

Pour résumer, ce livre m’a dérangé et m’a beaucoup plu aussi. Cela peut paraître paradoxal mais j’aime être bousculée à condition de me raccrocher à quelque chose. Comme les failles de Max.

Gallimard
Max, Sarah Cohen-Scali, Gallimard jeunesse, 480 pages, 15,90 €. Grand ados.

Articles similaires

Anne-Laure Bondoux croit au pouvoir de l’écriture

Anne-Laure Bondoux croit au pouvoir de l’écriture

L’infatigable ambassadrice de la littérature jeunesse

L’infatigable ambassadrice de la littérature jeunesse

« Petite et grande ourses », un album lumineux qui libère de l’emprise

« Petite et grande ourses », un album lumineux qui libère de l’emprise

L’adolescence tourmentée de Miss Charity racontée en aquarelles

L’adolescence tourmentée de Miss Charity racontée en aquarelles

2 Comments

  1. Un cadeau d’anniversaire que je n’aurais pas choisi moi-même mais une lecture qui me fut fort agréable même si quelque peu désarçonnante. Le sujet est amené très subtilement, crument! un livre que l’on ne lâche pas ! je le recommande vivement !! Meryem Lorre (15 ans)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Abonnez-vous à Livresse

Blogs autour de la littérature jeunesse

Blog Coup de Cœur Chapitre.com
Livresse a été sélectionné comme Blog Coup de Cœur par Chapitre.com