Les Étrangers, Éric Pessan et Olivier de Solminihac, L’École des Loisirs

Les Étrangers, Éric Pessan et Olivier de Solminihac, L’École des Loisirs

Un roman à quatre mains ancré dans l’actualité, celle des réfugiés mineurs isolés à la merci de passeurs mafieux

Ça dure combien de temps une nuit ? Celle que s’apprête à vivre Basile ne se compte pas en heures. Chaque seconde compte. Chaque minute s’étire. Le temps se densifie ne laissant pas d’autre choix que de vivre intensément, les cinq sens en alerte, les événements qui s’enchaînent et qui entraînent l’adolescent malgré lui.

Vulnérabilité

Ce sont les vacances. Basile quitte le lycée, un peu perdu, un peu sonné, courbé sous le poids d’un sac qui, ce jour-là, pèse une tonne. Rien d’anormal à son âge de se sentir parfois vulnérable et c’est sans doute cette fragilité qui le fait bifurquer. Il n’a pas envie de rentrer et laisse ses pas le mener vers la gare désaffectée.

La ville n’est pas nommée mais plusieurs indices laissent supposer que la région se situe au nord de la France, à quelques encablures de l’Angleterre. C’est là que des mineurs étrangers isolés cherchent le passage qui les mènera sur l’île britannique. Ils ont l’âge de Basile. Le garçon connaît leur existence par les médias mais ce soir-là, il met un visage à quatre d’entre eux.

La rencontre est tendue, sur le qui-vive. Mais elle a lieu grâce à Gaëtan, un garçon qu’il a perdu de vue depuis le primaire et qui maintenant aide à sa façon ces jeunes en transit dans cette gare sans train, parce qu’ils ont préféré s’enfuir du centre de rétention pour continuer à espérer.

Une question de vie ou de mort

Lorsque Nima disparaît dans le tunnel, enlevé par des passeurs mafieux, Basile aurait pu simplement faire demi-tour rentrer chez lui. Mais il décide de s’enfoncer dans la nuit avec Gaëtan pour le retrouver. C’est une question de vie ou de mort et cette nuit sans fin, à mots tendus et à quatre mains confondues (1) va le prouver.

L'Ecole des loisirs
144 pages, 3 €. Dès 14 ans.

Elle confronte Basile à une réalité sombre et violente, dans laquelle se distinguent des personnages hors du commun, doués de tendresse et d’humour, mais surtout capables de braver les interdits et la mort pour sauver des vies. Elle lui donne à vivre des émotions extrêmes dans son corps et dans sa chair. Elle allège son sac. Elle change son regard sur ses proches, l’aiguise pour mesurer la complexité des choses et des gens et ose désormais le poser très loin.

Certaines nuits durent très longtemps. Celle que vient de vivre Basile le façonne et perdure bien au-delà du petit jour. Et du mot fin pour le lecteurs.

(1) Impossible de distinguer l’écriture de l’un et de l’autre auteur. En revanche, les lecteurs d’Éric Pessan apprécieront les clins d’œil à Aussi loin que possible et l’allusion à Dans la forêt de Hokkaido grâce aux rêves de Mayar).

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