Star Trip, Eric Senabre, Didier jeunesse

Une road trip hilarant dans l’Amérique puritaine, déjantée et imprévisible de 1968

À quoi ressemble la vie d’une jeune fille de 15 ans dans l’Amérique rurale de 1968 ? May vit dans l’Idaho. Elle est amoureuse de Will qui le lui rend bien. Elle est aussi responsable de Sam, son petit frère handicapé, pendant l’absence de leurs parents partis précipitamment en mission. La jeune fille, très mature pour son âge, se démène pour le distraire et lui construit en cachette le vaisseau de Star Trip. Le garçon, passionné de science-fiction, est un inconditionnel de la série au point, parfois, d’avoir du mal à redescendre sur terre. La frontière entre fiction et réalité va s’estomper furieusement lorsque son idole, le capitaine Burke, débarque dans la ferme avec l’intention d’embarquer les trois enfants jusqu’à l’Utah avec la fausse navette spatiale. May n’est pas dupe. L’acteur lui cache forcément quelque chose. Mais l’occasion de fuir les champs de patates, les visites intempestives du shérif et les sermons du révérend est trop forte. La jeune fille, qui étouffe, rêve d’autre chose… Et va être servie !

Les séries ont le vent en poupe y compris celles du siècle dernier, accessibles en streaming. Les 23 épisodes de Star Trek dont s’inspire clairement Star Trip en sont un exemple parmi d’autres. Mais ce que la série culte ne dit pas aux jeunes téléspectateurs d’aujourd’hui, c’est le contexte et l’atmosphère outre-Atlantique de l’époque, bien différent de l’aire Trump.

L’Amérique de May est puritaine, enlisée dans la guerre du Vietnam et fascinée par les extraterrestres. Dans les villes rurales, le révérend et le shérif veillent de très près sur leurs ouailles. Cette surveillance étriquée est intenable pour May. L’ado, bouillonnante, rêve d’espace et de liberté. Quoi de mieux qu’un road trip pour satisfaire son désir ?

Le genre a le mérite de juxtaposer un huis clos détonant dans un habitacle et des rencontres surréalistes. Ces dernières proposent des arrêts sur image sur différents visages de l’Amérique de la fin des années 1960 où, sorcier indien, vieux cow-boy, hippies et fou solitaire cohabitent sans se fréquenter.

L’écriture visuelle décrit des scènes comiques, parfois hilarantes. Les dialogues sont mordants, parfois acerbes, souvent ironiques. Les personnages secondaires sont complètement déjantés. Et le voyage s’accompagne d’une bande-son pop rock de l’époque, forcément.

De telles aventures (un régal pour le lecteur lové au fond de son lit) forgent évidemment les esprits et les caractères et vont déteindre sur les sentiments des jeunes protagonistes. Pour eux, il y aura forcément un avant et un après.

Didier jeunesse
Star trip, Eric Senabre, Didier Jeunesse, 288 pages, 15,90 €. Dès 12 ans.

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