Une très belle rencontre… avec Jean-Pierre Marielle

Une très belle rencontre… avec Jean-Pierre Marielle

Il reste toujours une part d’inconnu lors d’une rencontre. C’est là tout son charme. Et du charme, à 80 ans, Jean-Pierre Marielle n’en manque pas…

© Dominique Primault

J’ai rendez-vous chez Jean-Pierre Marielle lundi 21 mai 2012 à 14 h. J’ai potassé des articles, préparé des questions, échafaudé des scénarios mais j’appréhende un peu. L’acteur a 80 ans, ça m’impressionne. Je crois avoir bien calculé mon temps de trajet mais c’est loupé. Je suis en retard pour ne pas changer ce qui heureusement n’est pas le cas de mon collègue photographe qui peut commencer son travail sans que je sois là.

Jean-Pierre Marielle © Claude Stefan

Un peu trempée par une pluie décidée à ne pas s’arrêter, j’arrive enfin au rez-de-chaussée d’un immeuble résidentiel de Boulogne, en face de Roland Garros. Jean-Pierre Marielle est là, immense, sur le seuil de sa porte : un accueil chaleureux « ah voilà la consœur » ; un retard très vite pardonné, « comment ça confuse ? Mais quel retard ? », une poignée de main ferme et engageante « allez-y, entrez ».

Souriant et conciliant, Jean-Pierre Marielle se laisse driver par le photographe, accepte l’enregistreur et écoute attentivement mes questions. Sans vraiment y répondre. Il rebondit plutôt sur un mot, ponctue ses propos de notes humoristiques et de son rire tonitruant ou de silences que j’ose à peine troubler. Le temps se suspend, les souvenirs remontent et puis, d’un coup, il est question du vent dans les arbres : « quelle chance ce jardin à Paris ! »

Belmondo, Rochefort, Fabian, Vian…

Il refuse de parler de lui, de sa voix « j’m’en fous ». Mais de ses amis oui : Henri Salvador, Bernard Giraudeau, dont il vient d’enregistrer le livre Cher amour, le prétexte de ce rendez-vous. La bande du conservatoire « Jean-Paul Belmondo, Jean Rochefort, Françoise Fabian… On se voit toujours. » De ses voyages, aussi « Ah l’Italie, vous connaissez l’Italie ? C’est merveilleux. Vous n’êtes pas encore allé à Rome. Vous devriez aller à Rome. » Et du jazz, qu’il adore. En témoigne le nombre impressionnant de disques vinyles dans sa discothèque. « Billie Holiday, c’est ma Reine. Sa voix, c’est de l’art. »

Agathe, sa femme, nous interrompt : « je pars à mon rendez-vous, je t’appelle et on se rejoint au Flore ». Flore, Jazz, 80 ans… À moi de rebondir. « Mais, vous étiez à Paris lors de la grande époque des caves de jazz avec Boris Vian ? » « Bien sûr, je l’ai connu. » Avant d’ajouter. « J’ai connu aussi Ionesco, j’ai suivi Beckett… ». Que du beau monde ! Pour moi, ce sont des noms illustres rencontrés à la Fac de lettres. Pas en vrai ! À mon tour d’être silencieuse… Il se met à fredonner une chanson sur Saint-Germain-des-Prés de… « Léo Ferré ». Tant qu’à faire ! « J’adore cette expression.» 

Le temps s’écoule lentement. Je tente un détour par la littérature. Quel est le livre qu’il a refermé en se sentant orphelin pour la première fois ? Un temps de réflexion. « Rimbaud ! » J’aimerais connaître ses lectures du moment mais il esquive. Pour combler ma curiosité insistante, il me propose de visiter sa bibliothèque dans laquelle trônent les pléiades des grands écrivains, forcément… Il me montre des photos de son père à la guerre de sa mère, très belle…

« Mais il est loin le métro, je vais vous déposer »

16 h. « Vous voulez un café ? » J’hésite, consciente de vivre un moment privilégié mais il ne faudrait quand même pas abuser. « Un dernier et je m’en vais. » « Vous êtes comment ? En métro ? Mais il est loin le métro, je vais vous déposer. » Je refuse. « Il y a un bus, ne vous inquiétez pas. » Il insiste, met son chapeau, ne trouve pas les clefs et doit céder. Mais, gentleman, m’accompagne jusqu’au portail… sous la pluie qui n’a toujours pas cessé. Je rejoins le métro, un peu chamboulée mais heureuse. Peut-être m’a-t-il déjà oublié ? Moi, en tout cas, une belle rencontre comme ça, ça ne risque pas !

Quel est le rapport avec la littérature jeunesse ? Eh bien, il y en a une figurez-vous. Vous vous souvenez de Philomène et les ogres ? C’est la voix délicieusement effrayante de Jean-Pierre Marielle qui raconte l’histoire. Et comme c’était le seul à ne pas avoir dédicacé mon exemplaire, j’en ai profité. La preuve !

Philomene et les ogres, Arnaud Delalande et Charles Dutertre, Livre-cd, 44 pages, 22,90 €. Dès 5 ans.

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